This is now bone of my bones
and flesh of my flesh;
she shall be called ‘woman,’
for she was taken out of man.
Tout le monde connaît l'histoire de Adam et Ève. Cette dernière, souvent considérée par erreur comme la Première Femme, avait été créée à partir d'une côte de Adam. Obéissante par défaut, elle se devait d'être soumise. Ses options étaient limités. Elle n'avait que vaguement entendu parler de Lilith. Ce nom avait été banni, comme elle l'apprit rapidement - il ne fallait pas le prononcer, de peur de tourner à la rage le comportement instable de Adam. Alors elle n'osait poser de question. Elle savait simplement que Lilith avait existé, avant elle, et qu'elle avait choisit de partir, de quitter le Jardin d'Eden, ce paradis, cette cage dorée. Ève commença à poser des questions. Pourquoi Lilith avait-elle pu faire ce choix et pas elle ? Pourquoi personne ne lui avait demandé ce qu'elle avait voulu ? Ce simple mot "choix" semblait incongru, en ce lieu, pareil à une insulte, à un mot grossier. C'était un mot à craindre, lui aussi.
Le Jardin d'Eden était bel et bien un lieu fantastique, magnifique, pour ses jeunes yeux qui n'avaient rien connu d'autre. Mais même la plus glorieuse des beautés devient lassante au fil du temps. Ici, rien ne changeait jamais. Les jours s'écoulaient avec une lenteur désespérante pour Ève, qui trouvait le tout bien désolant, en particulier Adam. Ce dernier ne se questionnait sur rien. Il était heureux de son existence, heureux d'avoir enfin une compagne qui ne lui posait plus de soucis, heureux d'être le centre d'intérêt des Anges. Mais la femme ne disait rien. Si elle ne savait ce qu'il s'était passé à l'époque de Lilith, elle pouvait supposer que poser des questions lui vaudraient sans doute le même destin ; être maudite, bafouée, remplacée par une version plus manipulable. Cette idée, il fallait bien l'avouer, lui était difficilement supportable. Elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait remplacer personne, en particulier pour finir là, dans ce Jardin, avec ce mari qu'elle n'avait pas choisit et cette vie qu'on lui avait imposé, sans lui demander ce qu'elle en pensait, ce qu'elle désirait.
C'est à ce moment-là que le Serpent lui apparu pour la première fois. Peut-être avait-il ressenti ses plaintes silencieuses, ce désarroi qu'elle gardait pour elle, de peur du sort qu'il l'attendait si seulement elle osait prononcer une parole à l'encontre de Adam, ou de Dieu, inconsciente qu'il s'agissait parfaitement du but de ce dernier. Le Serpent était charmant. Il lui parlait avec douceur, avec patience. Très vite, elle éprouva une grande affection pour celui qui répondait à ses questions, des questions naïves, enfantines, même, mais qui la dévoraient depuis sa création. Il ne se lassait jamais, et lui posait lui également des questions, sur sa vie au Jardin d'Eden, sur Adam, sur Dieu même parfois, avec une certaine mélancolie qui la toucha. Un jour, il lui annonça qu'il ne pourrait plus revenir, qu'il faudrait qu'elle obtienne les réponses seules et qu'il connaissait un moyen.
She knew it was no ordinary apple,
She was no ordinary woman,
This destruction was her sweet escape,
“Throw me to purgatory, send me to Hell,” this would be her Heaven,
She begged for that apple,
They say she was lured, tempted, but how can you be if it’s all you ever wanted?
“Give me temptation and I shan’t resist, give me something sweet to escape this bitter life - I cannot be forced to lay beneath man any more,”
Her sister refused to lie down,
Her sister was drowned by angels for her rebellion,
Satan had welcomed the first woman created by God, told her he would never force her,
He made her his Queen,
She sent him as a serpent to free her sister,
It was no ordinary apple,
She was no ordinary woman,
How do you escape the Garden of Eden, when it’s your own personal Hell?
Terminé, le Jardin d'Eden. La douce prison qui avait été la leur était désormais interdite, défendue. Ils avait déçu Dieu et Il le leur fit comprendre sans la moindre clémence. Il les condamna : Adam à travailler durement, et Ève à enfanter dans la douleur et le sang, leur disant, d'une voix aussi forte que le tonnerre, qu'elle avait condamné tout le reste de leur descendance, de l'humanité, par sa désobéissance.
Eve fut connu sous plusieurs noms. Pour certains, elle était Hawwa, "celle qui donnait vie" ou "la vivante", ironique héritage de sa véritable nature, qui lui avait été volé sans le moindre remord. Pour d'autres, elle était Pandore, "ornée de tous les dons", ou même Sigyn, "amie de la victoire". Toujours, elle était fautive, toujours elle était soumise. Il lui semblait impossible d'échapper à ce destin. Adam lui en voulait. Il la blâmait, la considérait comme seule responsable et usait de l'autorité que Dieu lui avait donné sur elle avec une violence souvent injustifiée. Elle lui donna trois fils, aux noms tristement célèbres : Caïn, Abel et Seth.
Si elle les aimait profondément, elle était néanmoins sujette à une profonde mélancolie. Elle ne se sentait pas à sa place, dans cet endroit, pas plus qu'au Jardin d'Eden. Peut-être était-ce son esprit qui combattait furieusement cette existence imposée, cette liberté arrachée. Sans le savoir, elle se désespérait des immenses espaces qu'elle visitait, en un clignement d’œil, sans que rien d'autre que sa simple volonté puisse la retenir. Elle méprisait Adam mais n'avait d'autre choix que de demeurer à ses côtés. Cruauté sans limite de la part de Dieu qui, la forçant à se soumettre à l'homme, avait créé un abject désir de toujours lui plaire, malgré l'impossibilité de la tâche. Adam était capricieux, changeant rapidement d'avis, l'accusant des pires ignominies. Tout changea dès lors que ses fils grandirent. Caïn, si facilement emporté par ses sentiments, ne supportait pas la manière dont Adam traitait Ève et ne se gênait pas pour le faire savoir haut et fort, contrairement à ses frères qui n'osaient pas véritablement contredire leur père ouvertement. Les conflits n'étaient pas rares, brisant continuellement le semblant de quiétude que Dieu attendait d'eux.
Un drame, cependant, bouleversa une nouvelle fois les plans qu'Il aurait pu avoir pour eux. Caïn tua son frère, Abel. Si la douleur de perdre un enfant fut atroce, elle ne pu se résoudre à rejeter Caïn pour autant, pas après avoir entendu ses explications, que personne d'autre ne voulu ne serait-ce qu'entendre. Elle ne pu cependant rien faire pour protéger son fils aîné lorsque Dieu le banni, loin d'elle, de sa protection, en punition pour le premier crime de l'humanité, mais certes pas le dernier. Misérable et désespérée, Eve continua de vivre, pensant à la mort qui viendrait la libérer de sa triste existence, un jour ou l'autre. Lorsque ce jour vint enfin, elle ne s'imaginait cependant pas que quelqu'un veillait sur elle. Elle ne serait pas perdue.