Dolores "Dolly" Lothbrock
Let the world we dream about be the one we live in now.
Des mots éloquents vantaient sa beauté, sa grâce et son élégance. Plus rares, ceux complimentant son esprit, son intelligence ou sa sagesse. Elle était aussi raffinée qu'irrévérencieuse. Pour certains, cela composait son charme. Ses remarques acides, ses manières manquant souvent de tact, la rendaient naturelle, différente. Elle n'y croyait pas véritablement. Elle n'était pas différente des autres femmes, des autres personnes. Elle était simplement privilégiée. Elle pouvait se permettre ses mots imprudents sans la crainte du revers d'une main et le savait parfaitement. Parfois, elle s'en désolait, plaignait avec sincérité toutes celles qui n'avaient point ses libertés. D'autres fois, cependant, elle se montrait capricieuse et indifférente. Grâce à sa famille, elle n'avait pas à travailler, n'aurait sans doute jamais à salir ses belles mains pâles. Dolores eut alors largement l'occasion de trouver des loisirs, son intérêt se portant sur les arts. Elle s'essaya au piano, la harpe, le chant, mais aucun ne semblait lui convenir.
Si elle était en mesure de se débrouiller, cela n'était pas suffisant pour elle. Il fallait atteindre l'excellence, sinon, quel était l'intérêt ? Pourquoi perdre son temps, son si précieux temps, sur quelque chose où elle ne pourrait être que dans la moyenne ?
Le coeur de la jeune femme se porta alors sur le ballet, nouveauté du siècle dernier, se développant à grande vitesse en Europe, particulièrement en Italie et en France, où la danseuse de ballet régnait en maîtresse sur les plus grandes productions. Certaine de sa destinée, la jeune fille, le coeur dénué de peur, embrassa sa famille, fit ses bagages, et s'en alla vers l'Europe, où elle pourrait développer son talent. L'acclimatation, en premier lieu, fut difficile. Ses connaissances en français étaient fragiles, et le niveau plus élevé qu'elle ne l'avait imaginé, les entraînements d'une dureté douloureuse. Plusieurs fois, elle failli abandonner, découragée par ses trop grandes espérances. Mais la fierté reprenait bien souvent le dessus. Elle ne pouvait se permettre d'échouer, ne pouvait supporter l'humiliation. Bientôt, aussi bien grâce à son talent qu'à son charme, elle parvint à se faire une place de plus en plus importante dans les grandes productions de toute l'Europe.
America's Sweetheart
A
B
DIAMONDS ARE A GIRL'S BEST FRIEND
Dernière née d'une fratrie nombreuse, Dolly avait toujours compris l'importance de se démarquer, de se faire remarquer. Elle aimait le feu des projecteurs et les regards plein d'admiration devant sa grâce et son élégance. Les applaudissements, les compliments, elle n'imaginait pas sa vie sans tout ça. Malgré l'apparence peu réfléchie qu'elle entretenait avec soin, Dolly comprenait la vie avec un cynisme que peu auraient soupçonné. La gloire n'était pas faite pour durer : un jour, une meilleure danseuse viendrait la remplacer, elle le savait même si accepter ce fait blessait son égo. Elle ne voulait pas être oublié. Enfant gâté, que cela soit par la nature ou par ses parents, il était presque impossible, pour elle, d'accepter un refus quelconque, même du destin. Elle avait trouvé sa place dans la luxure et la richesse, au milieu des bijoux et des robes de soie, de l'or, de l'argent et du satin. Si elle était consciente de sa vanité, elle ne s'en était jamais inquiété ni n'avait culpabilisé.
Elle avait vu plusieurs danseuses se perdre, se blesser gravement en tentant vainement de s'accrocher à la gloire qui avait été la leur. Bien souvent, Dolly avait été la raison de leur chute. Imaginer qu'une jeune fille pouvait venir, la surpasser et qu'il ne reste d'elle qu'une coquille d'amertume et de nostalgie lui faisait horreur. Elle se plaisait à s'imaginer, grâcieuse, bienfaitrice, laissant la place sans même qu'on lui demande, sans une once d'hésitation. La réalité était cependant différente : y penser suffisait à l'envahir d'une rage brûlante et destructrice. Capricieuse, la contrarier entraîner toujours un risque certain ; elle supportait mal que tout le monde ne partage pas sa passion et la férocité qu'elle mettait dans sa propre discipline, dans ses entraînements jusqu'à l'épuisement le plus total. Elle formait des liens superficiels avec les, sans jamais vraiment s'attacher, se plaisant simplement dans leur compagnie sans véritablement la rechercher. Elle appréciait notamment les admirateurs qui voulaient en faire une épouse.
Cher Raleigh,
Je voulais t'écrire depuis plusieurs semaines déjà, mais je n'ai guère trouvé le temps. Mes entraînements sont très prenant, et je ne pense pas pouvoir revenir à la maison pendant un long moment. J'ai enfin des rôles importants, vois-tu, et je ne peux pas laisser passer cette occasion. Je suis sûre que tu comprends. Mais sache que tu me manques beaucoup, et que j'espère que tu pourras venir me voir danser, un jour. J'essaierai de t'envoyer des invitations, tu ne seras pas déçu, je te le promets.
Mais je ne t'écris pas pour cela ! Figure toi que j'ai rencontré quelqu'un. Il s'appelle Zeus DiAngelis. Je crois bien qu'il est amoureux de moi, Raleigh. Il vient à toutes mes répétitions, et à tous mes spectacles. Il n'en manque pas un ! Tu ne trouves pas que c'est fou ? Il est tout bonnement charmant. Toujours patient, toujours souriant. Il m'offre des cadeaux, sans avoir besoin d'autre prétexte que de me voir sourire. Je ne sais pas si cela ressemble à cela, l'amour, mais, si c'est le cas, je veux bien me laisser tenter. Il me dit qu'il veut m'épouser, mais je ne sais pas trop si je dois. J'aimerai que tu puisse le rencontrer, tu pourrais m'aider. Mais il dit qu'il n'y a aucune raison d'attendre, qu'il vous enverra un courrier, à la maison, et que tout sera réglé. Il insiste beaucoup, ça me fait un peu peur des fois. Mais je pense qu'il sait simplement ce qu'il veut et il n'y a rien de mal à ça, n'est-ce pas ?
Je t'envoie milles baisers,
Ta Dolly